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LE POIDS DU MONDE (studio)

Jeux de poids

Intentions d’apprentissage

Les fiches 1-2 ont pour objectif d’éveiller les élèves à une conscience physique et sensorielle de façon à générer une meilleure disponibilité et une plus grande présence au mouvement dansé. Les fiches 3-4, à caractère ludique, amènent quant à elles les élèves à mobiliser leur corps en relation à d’autres partenaires ou en rapport avec des appuis, des surfaces ou des dynamismes variés ; ils expérimentent ainsi différentes qualités dansantes produites par les variations de poids et d’écoulement du mouvement. L’imaginaire et la créativité des élèves sont aussi engagés lors de l’exploitation des ressources iconographiques, qui ont elles-mêmes nourri la création des œuvres chorégraphiques de Perreault – les fiches 6-7 s’y attardent particulièrement.

La fiche 5 suggère aux élèves de reconstruire un univers chorégraphique à partir d’une foule d’informations concernant le chorégraphe, Jean-Pierre Perreault. À partir de leur compréhension, de leur sensibilité, de leurs capacités et des ressources dont ils disposent, les élèves « redonnent vie » à un extrait d’œuvre, ce qui permet une incursion plus approfondie dans l’univers de l’artiste.

L’ensemble des fiches d’activités contribue à développer une plus grande compréhension du caractère indissociable des éléments corps/expression/interprétation.

Contenus de formation travaillés

  • Éléments du langage :
    • Corps
    • Mouvement lié à l’énergie (efforts et états)
    • Relations entre les partenaires : actions dynamiques
  • Relation avec l’environnement scénique
  • Technique du mouvement dansé
    • Aspects associés à la mobilité corporelle et à l’expression artistique

  • 1

    Aiguiser ses sens

    Aiguiser ses sens

    Piazza, dessin de Jean-Pierre Perreault


    Petite danse*


    Les yeux fermés, en gardant une certaine « immobilité », amener l’élève à prendre conscience du corps tel qu’il se vit dans l’instant présent et dans sa relation à l’environnement (espace autour de soi).

    Sensibiliser d’abord les sens à la surface du corps : la peau. Quelles sensations sur la peau ? Chaud ? Froid ? Est-ce que l’on sent le contact des vêtements sur la peau ?

    Puis diriger l’attention des élèves sur les zones de tension et de détente. Peut-on relâcher la tension là où elle se ressent, les zones périphériques notamment ? Peut-on profiter du relâchement d’autres zones ? Comment se perçoit la respiration (mouvement vers le haut, mouvement vers le bas) ?

    En gardant toujours les yeux fermés, prendre conscience de l’alignement squelettique dans cette position debout. Peut-on sentir la direction du ciel et de la terre, qui sont en opposition l’un par rapport à l’autre ? Peut-on sentir l’ancrage des pieds dans le sol, la gravité qui agit sur le corps ? Ou à l’inverse, le « repoussé » de ce poids, qui permet l’autograndissement (Hubert Godard) ?

    Tenter de repérer les micromouvements qui dansent à l’intérieur du corps. Puis progressivement, laisser le centre de gravité se déplacer par rapport aux appuis des pieds. Laisser le corps suivre les directions que suggère le mouvement en remplissant l’espace autour de soi, jusqu’à ce que le déséquilibre se produise. Porter attention aux images qui surgissent et à l’état ressenti durant toute cette exploration.

    L’aveugle

    Grâce à un partenaire protecteur qui accompagne et conduit la marche, l’élève expérimente la sensation de se déplacer les yeux fermés en essayant de conserver tout son corps détendu.

    L’élève porte attention aux sensations, aux sentiments et aux états éprouvés durant cette marche.

    Puis le partenaire réduit progressivement l’accompagnement de « l’aveugle » pendant la déambulation dans l’espace du studio (en le soutenant au niveau des épaules, en le guidant, puis en créant uniquement une zone de protection l’empêchant de rencontrer quelqu’un d’autre).

    Lorsque que l’élève se sent à l’aise en ayant toujours les yeux fermés, il débute l’exploration de l’espace kinesphère avec tout le corps, puis de l’espace général. Le partenaire agit toujours comme protecteur.


    ∗ En référence à une proposition de travail de Steve Paxton, danseur, chorégraphe et pédagogue, à l’origine du contact improvisation: forme de danse caractérisée par le transfert des appuis entre les partenaires.


  • 2

    Développer une confiance en l'autre, en soi

    Développer une confiance en l'autre, en soi

    Adieux (1993), photographe : Michael Slobodian


    Le cercle bienveillant

    Former un cercle serré composé de cinq ou six personnes. À tour de rôle, les élèves se placent au centre et se laissent tomber dans la direction de leur choix, en donnant leur poids à un élève « rempart », qui donne une légère poussée, permettant ainsi d’initier une nouvelle direction et une inclinaison au mouvement. Chaque élève peut demeurer au centre du cercle jusqu’à ce que sa confiance se renforce.

    Selon le degré de confiance et d’expérience des élèves, on peut élargir le cercle et ainsi pousser plus loin l’abandon du poids. Avec beaucoup de pratique, on peut accélérer la vitesse de passage et de tombée. On peut aussi poursuivre la tombée par un mouvement de déplacement au sol (roulade sur les fessiers par exemple) qui expulse le danseur hors du cercle, lui permettant ainsi de reprendre la place d’un élève rempart.

    Une attention particulière doit être portée sur la manière dont on accueille et dont on repousse le poids de l’autre et sur la manière dont on donne son poids. Qualités recherchées lors de cette activité : le bon dosage d’énergie, l’absence de crispation ainsi que l’écoute de soi et de l’autre.

    Quelques principes à explorer et à intégrer: agir dans le respect de l’autre, respecter ses limites et celles des autres. Se responsabiliser et être bienveillant envers ses partenaires.


  • 3

    Explorer, expérimenter le poids du corps

    Explorer, expérimenter le poids du corps

    Dernière Paille (2009), photographe : Robert Etcheverry


    Passage du mouvement contrôlé au mouvement soudain

    Descendre au sol en relâchant (c’est-à-dire en abandonnant le poids) une partie du corps à la fois (de façon aléatoire) jusqu’à ce que le corps entier repose au sol. Effectuer d’abord en 32 temps, puis en 16 temps, en 8 temps, en 4 temps, puis d’un seul coup. Alterner avec la remontée en conservant la même cadence (32-16-8-4-1).

    Expérimenter le poids léger

    Bouger et se déplacer (espace proche, espace général) en transportant une feuille de papier sur sa tête, puis sur son épaule, sur son avant-bras, sur son torse. Varier les vitesses tout en gardant le contact avec la feuille.
    Expérimenter les mêmes mouvements avec un sac de sable, puis en enlevant le sac de sable. Constater les différences de sensation.

    Se déplacer à partir de points de contact différents entre les corps

    Les élèves travaillent en dyade et se déplacent en formation de lignes d’un côté à l’autre du studio.

    En variant les points de contact (épaules – dos – mains – torse – etc.), les partenaires franchissent l’espace d’une extrémité à l’autre dans une dynamique de donner/repousser leur poids du corps tout en maintenant un équilibre des forces pour donner l’impression de bouger comme une seule et même personne.

    Pour accentuer la sensation, on peut aussi placer un ballon mou entre les points de contact. On se déplace alors sans le faire tomber.

    Traverser l’espace du studio en variant les appuis (deux ou trois) sans perdre le contact avec le partenaire.

    Création par groupe de quatre

    Réaliser une composition avec quatre appuis, quatre directions dans l’espace et quatre formations (façons de s’organiser au sein du groupe) à partir d’un thème choisi.

    Démocratie des parties du corps

    Dans tout le corps, ce sont les pieds et les fessiers qui ont le rôle de supporter le poids du reste du corps. Imaginons une révolution commandée par les autres parties du corps : à leur tour, elles veulent pouvoir devenir des appuis de taille !
    Débuter par une exploration qui permet de varier les zones de contact corporel avec le sol et de moduler les qualités d’énergie utilisées. Passer d’une surface du corps à une autre. Ce sont d’abord les mains et les pieds qui supportent le corps, puis le dos, puis les épaules, etc. À chaque fois, l’occasion est donnée d’explorer les mouvements qu’il est possible de faire à partir de ces supports.

    • Explorer aussi par un déplacement au sol d’un côté à l’autre du studio.
    • Passer d’une petite surface à une grande surface, et inversement (mains/dos – pieds/jambes – tibia/côté du corps, etc.).


    Exploration des points de contact et des volumes avec un partenaire

    L’élève A propose une forme dans l’espace en ayant conscience du « volume » du corps dans l’espace (position debout, par exemple).
    L’élève B épouse une partie du corps de A avec son propre corps en cherchant une grande surface de contact. Il s’emboîte en cherchant les espaces vides. L’exploration peut débuter par un contact léger et aller jusqu’à donner l’entièreté du poids de son corps ou jusqu’à recevoir le poids du corps de son partenaire.

    • Varier les niveaux (sol).
    • Alterner les rôles.

      En classe…


  • 4

    Le labyrinthe des mots ou explorer son imaginaire

    Le labyrinthe des mots ou explorer son imaginaire

    Vent d'est
    notation de Jean-Pierre Perreault


    Inscrire des mots ou des phrases (suggérés ou inventés par les élèves ou l’enseignant) sur une grande feuille, les découper, puis les disperser dans le studio à la manière de « stations ». Inviter les élèves à se déplacer et à expérimenter spontanément les dynamiques que pourraient suggérer chaque mot ou chaque phrase.

    Par exemple :
    Tu marches avec le poids des mots au bout des doigts.
    Tes bras sont des ailes.
    Marcher sur un lit de roses.
    Des ampoules aux pieds.
    Le plancher se dérobe sous mes pieds.
    Le dos marqué par le temps.
    Mon corps de cristal se casse sous le vent.
    Mon corps de glace fond sous la pluie.
    Mon cœur explose de joie.


    Dans un deuxième temps, pour plus de précision, associer les dynamismes expérimentés à la terminologie Laban (léger/fort – libre/contrôlé – soudain/maintenu – direct/indirect)



    Pour aller plus loin

    Choisir au moins deux qualités parmi celles expérimentées et les associer à une ou plusieurs des actions/mouvements repérés dans un des extraits des œuvres visionnées.
    Les exécuter en marquant bien la différence entre chacune.

    Ou à l’inverse, choisir un extrait des œuvres proposées et identifier les qualités dominantes d’une courte phrase gestuelle. L’adapter et l’exécuter avec une attention particulière aux dynamismes présents.


  • 5

    Un univers chorégraphique à recréer

    Un univers chorégraphique à recréer

    Adieux (1993), photographe : Robert Marquis


    L’ exposition virtuelle Jean-Pierre Perreault renferme d’innombrables traces du cycle de vie des œuvres du chorégraphe. La vie de l’une ou l’autre des œuvres de Perreault peut en effet être en partie retracée grâce aux premières idées qui prennent forme dans les dessins, aux croquis de déplacements des danseurs sur scène, aux entretiens avec ses collaborateurs qui nous renseignent sur sa vision de la création chorégraphique et du spectacle, ou grâce encore à la réception des œuvres par la critique. En somme, de nombreux indices sont à la portée de l’élève pour l’aider à pénétrer l’univers chorégraphique de Jean-Pierre Perreault et la genèse de ses œuvres.

    Cette activité propose de « reconstruire » l’univers chorégraphique de Perreault à partir d’un certain nombre d’indices transmis, indices qui prennent la forme d’une « partition chorégraphique ». Un peu à la manière d’un enquêteur qui remonte la scène du crime*, les élèves s’approprient les informations données et les adaptent à leur niveau de compréhension, à leurs capacités et aux ressources dont ils disposent pour redonner vie à la danse. Il ne s’agit pas de reproduire une forme de manière précise mais bien de traduire un univers chorégraphique qui se construit aussi bien dans ses rapports à l’espace, au temps ou aux spectateurs que dans une esthétique particulière.


    Dans une enveloppe (contenu du document pdf), mettre à la disposition des élèves :

    • des dessins et des citations de Jean-Pierre Perreault ;

    • un lien vers un entretien avec Michèle Febvre à propos de l’importance du rapport entre l’être humain et le lieu selon Jean-Pierre Perreault ;

    • une critique de l’œuvre suite à sa présentation au Musée d’art contemporain de Montréal en 1996 ;

    • des textes qui relatent sa conception
      • de l’espace ;
      • des duos ;

    • des angles d’observation et d’analyse ;

    • un lien vers l’extrait à regarder, duquel s’inspirer.

      Document PDF
      En classe…


    *Une idée de Sylvain Verstricht, blogueur et critique de danse


  • 6

    La danse au bout des doigts

    La danse au bout des doigts

    Stella, dessin de Jean-Pierre Perreault


    Choisir quelques dessins ou photos où apparaissent les danseurs/personnages, puis en groupe, identifier les dominantes spatiales de chacun de ces dessins ou photos : lignes courbes, droites ou angulaires.
    Identifier quelles directions prennent ces lignes : haut/bas – oblique – horizontale.
    Identifier le rapport que ces corps semblent établir avec la verticalité ou avec la gravité. Le mouvement semble t-il s’exécuter contre ou avec la gravité ? S’engager dans une suspension ou une chute ? Demeurer en équilibre ou en déséquilibre ?
    Former des équipes et demander à chacune d’elle de choisir discrètement trois dessins ou photos. Chaque équipe identifie ensuite à nouveau les dominantes spatiales des dessins choisis et trace sur un carton les lignes maîtresses simples de chaque dessin (deux ou trois lignes par un dessin).

    Pour aller plus loin: Utiliser des couleurs différentes pour marquer les qualités dominantes du mouvement (jaune : léger, vert : fort, etc.).

    Exploration des formes du corps

    Les esquisses (lignes) de chaque équipe sont ensuite transmises à un autre groupe. Dès que chaque équipe a en main une nouvelle esquisse, elle explore à nouveau les possibilités de mouvements et les qualités dynamiques (lignes et formes) du dessin.

    Possibilités :

    • Accentuer les lignes directrices de cette forme (conscience de la direction du mouvement). Sentir la direction que prennent les différentes formes et laisser le mouvement advenir, explorer la sensation d’équilibre ou de déséquilibre, de suspension ou de lutte contre la gravité.
    • Explorer les possibilités de mouvement dans l’espace de sa kinesphère.
    • Reprendre les mêmes tracés en bougeant avec résistance comme si les membres étiraient une matière élastique, comme s’ils étaient faits de verre fragile ou portaient de lourdes étoffes, ou encore comme si l’on était en apesanteur.
    • Reprendre autant de fois avec des qualités différentes. 
    • Faire bouger une seule partie de cette forme (bras ou jambe) comme si elle était actionnée par une autre personne. Sentir le poids de la partie du corps et la gravité à l’œuvre.


    Créer une phrase de mouvements

    Déterminer l’ordre de la séquence à partir des trois dessins. Les élèves font un choix parmi les mouvements et les possibilités d’exploitation des dynamiques qu’ils ont explorés auparavant (légèreté, force, résistance, mouvement d’impact, etc.) afin que ces dynamiques soient le plus en accord possible avec la forme de départ.
    Enchaîner les mouvements initiés par les trois formes dans une phrase continue en effectuant une courte pause dans la forme afin que l’on puisse la reconnaître.

    Pour aller plus loin : Choisir un mot évocateur (sensations – états – émotions) en lien avec le poids (liberté, abandon, désinvolture, fatalité, contrainte, passion, etc.).
    Revenir à son dessin initial et le retoucher en y modifiant si nécessaire la grosseur des traits qui sont associés aux qualités voulues : traits larges, minces, en pointillé.
    Colorer les parties du corps plus engagées.

    Pour aller plus loin : Présenter à la classe en lui demandant de deviner les dessins choisis par l’équipe. Échanger les dessins reproduits (esquisses et non l’original) avec une autre équipe qui y donnera forme selon sa propre interprétation des traits et des couleurs.

    En classe…


  • 7

    Invitation à la classe d’arts plastiques

    Invitation à la classe d’arts plastiques

    Les Années de pèlerinage, aquarelle de Jean-Pierre Perreault


    L’activité peut être réalisée avec un enseignant d’arts plastiques et ses élèves, ou avec les élèves de la classe de danse. Dans le cas où les élèves d’arts participent, les élèves danseurs peuvent traduire les esquisses en mouvements.

    Matériel: projecteur – grandes feuilles de papier blanc ou brun – crayons de pastel de couleurs ou grands pinceaux larges – gouache ou tout autre matériel du choix de l’enseignant.

    Création d’une réalisation plastique

    Apposer de grands papiers à dessin sur une surface (mur ou autre) où seront projetés les dessins de l’artiste.
    Les élèves tracent, à tour de rôle et à l’aide des matériaux de leur choix, les lignes des dessins de l’artiste qui sont projetés successivement sur la surface papier (ils peuvent privilégier certains traits, en délaisser d’autres). Les traits peuvent se superposer, se compléter ou se côtoyer pour donner forme après plusieurs images à une toile où des « personnages » occupent un espace de « scène ». Cela peut donner lieu à un, deux ou à plusieurs dessins recomposés. Ces réalisations plastiques pourront être réinvesties dans une autre activité.

    Interprétation des réalisations

    À la manière d’une notation chorégraphique, les élèves commentent et interprètent la réalisation plastique en suggérant des possibilités d’actions et de déplacements de ces personnages esquissés (Espace : orientations – directions – zones d’action / Relations entre les partenaires : emplacements – types de formation – actions spatiales et dynamiques). Une partie de l’image ou l’ensemble peut être pris en considération. Selon la grosseur des traits et des couleurs, on peut y associer différentes qualités dynamiques. Les traits minces correspondant à une utilisation minimale du poids, des traits larges à un mouvement contrôlé et continu, etc.
    En sous-groupe, les élèves composent des séquences de danse qui tiennent compte de la composition de la réalisation plastique et qui expriment le sens qu’ils ont donné à ces nouveaux dessins.

    En classe…