L’enseignant utilise à sa guise ces extraits de texte sur l’œuvre Joe qui peuvent apporter des informations supplémentaires, venir appuyer la mise en valeur d’une qualité de l’œuvre ou créer des résonances avec des observations relevées par les élèves.
Les élèves sont-ils d’accord avec ces interprétations ? Rejoignent-elles leurs propres lectures de l’œuvre ?
Notez qu’il est préférable de les mettre à la disposition de l’élève après avoir fait progresser la démarche d’appréciation.
Aline Gélinas, (1956-2001) journaliste et critique :
« Joe fut créé en 1983 avec un groupe d’étudiantes du Département de danse de l’Université du Québec à Montréal, à la salle Marie-Gérin-Lajoie. Ce fut un véritable choc pour les spectateurs et les spectatrices du milieu étudiant, choc renouvelé lors des reprises, avec des danseurs professionnels, en 1984 au même endroit, puis en 1989 au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts : au-delà de son invention formelle, l’évènement évoquait la condition humaine avec une acuité entière. Les interprètes, le corps dissimulé par un pardessus flottant, un chapeau calé jusqu’aux yeux, de lourdes bottes aux pieds, rivalisaient d’anonymat pour mieux dire de quelle étoffe est faite la race des hommes, et ce qui la contraint. » Jean-Pierre Perreault, chorégraphe, Montréal, Les Herbes Rouges, 1991, p. 11
Jean Gervais, concepteur d’éclairage et fidèle collaborateur de Jean-Pierre Perreault :
« C’est avec Joe qu’il y a eu véritable contact. Je me suis rendu compte que pour Jean-Pierre, l’éclairage c’est la lumière et l’ombre. Peut-être à cause de son instinct pictural, ses personnages ont toujours des zones d’ombre ; ils ne sont pas transparents. La lumière ne peut les révéler entièrement : ils demeurent mystérieux. […] Avec Joe est donc né entre nous ce principe, non formulé mais inscrit profondément en nous, que ce n’est pas parce qu’on montre tout que le spectateur va tout voir, comment il doit le voir et même, établir une hiérarchie en attirant plus son attention vers ceci ou cela. » Jean-Pierre Perreault, chorégraphe, Montréal, Les Herbes Rouges, 1991, p. 46
Josette Féral, professeure à l’École supérieure de théâtre/UQAM, dit que JOE est : « le clone de nos individualités noyées dans la masse, de nos errances urbaines, de nos affirmations de soi avortées, mais aussi de notre fascination pour le groupe, et notre désir pourtant profond et toujours inutile d’échapper à la foule, une foule qui finit toujours par imposer ses lois, son rythme, sa temporalité, sa surdité, des mécanismes. » Jean-Pierre Perreault, chorégraphe, Montréal, Les Herbes Rouges, 1991, p. 81-82
Sylviane Martineau, interprète pour de nombreuses œuvres de Jean-Pierre Perreault, dont Joe, parle ainsi de ses œuvres : « Le malhabile, le boiteux côtoient allègrement l’aisance et le contrôle. La prouesse technique se camoufle derrière le geste. Se succèdent des enchaînements quasi impossibles à réaliser et de simples marches, des silences immobiles et des attitudes quotidiennes. » Jean-Pierre Perreault, chorégraphe, Montréal, Les Herbes Rouges, 1991, p. 39-40